Dernièrement, c'est à la route et ses panneaux de signalisation que Philippe Decelle a apporté une attention ironique. En un siècle, observe-t-il, sont apparus près de 400 signes qui balisent et banalisent notre circulation. Difficile, donc, de prendre au sérieux ces nombreuses règles formant une sorte de végétation froide, de décors urbain souvent utile, de taches de couleurs primaires qu'on fini par ne plus voir à force de les côtoyer. Ont-ils encore un sens quand ils accumulent ainsi des messages contradictoires et en surnombre ? Les détourner, les assembler dans un nouvel ordre, les considérer avec un regard hérité du Pop Art, leur donner un sens poétique inattendu, cela me rappelle la contestation situationniste et ses dérives urbaines qui soufflaient un vent de liberté sur les années 1960 et70. Mais cela interroge également notre pratique actuelle de la communication et ses outils qui nous obligent désormais à voyager à l'infini et en surface sur l'épiderme du monde.
Diane Hennebert, septembre 2015.
Extrait du texte "Comment échapper à la banalité de la vie quotidienne en lui donnant un sens ?", catalogue de l'exposition à Wolubilis "Philippe Decelle - De vague en vague", mars 2016